Les tableaux contemporains sont d'excellentes sources pour reconstituer certaines parties de l'habillement. Les chausses constituent un détail de l'habillement qui est souvent négligé et remplacé au profit de chaussettes modernes.
Voici 3 tableaux qui les montrent en détail.
Le repas des paysans par Le Nain.
Le personnage de droite porte des chausses en toile, serrées par un lacet sous le genou, et qui couvrent le dessus du pied par un empiècement en pointe.
Le personnage de gauche porte les mêmes chausses, mais passées par dessus ses chaussures à la manière de guètres.
Autre tableau de Le Nain, les jeunes joueurs de cartes.
Le personnage de gauche porte de grandes chausses qui montent au dessus du genou, et le bas est coupé différemment. Seul le talon est bien enveloppé, le pied est dégagé.
Encore un tableau de Le Nain, la querelle.
Le personnage de gauche porte des chausses courtes qui couvrent son pied et qu'il porte dans la chaussure.
Le personnage en cuirasse du milieu porte lui aussi des chausses courtes, mais cette fois-ci sur sa chaussure. On voit nettement qu'elles sont maintenues par un lacet sous le genou.
Le jeune de droite quant à lui semble porter des chausses moyennes qui s'arrètent net à sa cheville, à moins qu'il ait roulé la pointe? On voit nettement à sa jambe gauche qu'elles sont elles-aussi lacées sous le genou, mais en plus qu'elles sont doublées extérieurement de laine foncée.
Si les chaussettes tricotées main existent depuis très longtemps (500 après JC), si les chaussettes tricotées à la machine existent depuis 1561, elles restent néanmoins un luxe que ne peut s'offrir que les classes aisées de la société.
Le peuple et la plupart des soldats ne disposent en général que de chausses, qui s'usent moins vite et qui sont facilement réalisables, et vont donc pieds-nus dans leurs chaussures.
Mousquetaires en mousquet et apôtres, piquiers en cabasser-cuirasse, grenadiers en fusil à bretelle. Epée de fer sans branche de garde.
Tenues de l'infanterie française vers 1690/1710:
Mousquetaires en mousquet ou fusil, apôtres ou giberne selon la période. Piquiers en cabasset-cuirasse jusqu'en 1703. Grenadiers en fusil à bretelle. Epée 1685 ou sabre-briquet possible pour les grenadiers. Passé 1710 le tricorne est bordé d'un galon, or pour Aunis. Planches de Michel Pétard.
Description de la tenue du régiment d'Aunis:
Drap de laine gris-blanc, parements-culotte-chausses-veste rouges.
Ceinture ou écharpe de coton fin jaune clair.
Pour les coiffures s'inspirer des gravures en tête de page: chapeau à larges bords qui devient progressivement un tricorne.
Les chaussures du type guerre de 30 ans sont encore portées au début, puis elles suivent la mode avec un talon qui prend de la hauteur et elles s'affinent.
Les baudriers de sont pas forcément en buffle, loin de là, ils sont le plus souvent en cuir brun clair. Le buffle ne devient courant qu'au début XVIII°.
Pour l'armement voir les légendes des planches, le fusil avant 1717 est un prérèglementaire à silex, le plus souvent sans bretelle, un mousquet à mèche avant 1699, éventuellement un fusil à la chenapan.
Les piquiers ont existé jusqu'en 1703, ils portent des gants de cuir à manchettes et éventuellement cabasset et cuirasse.
Les grenadiers sont coiffés du bonnet à poils et à flamme rouge, ils ne sont que 4 par compagnie, ils ont une mèche pour allumer leurs grenades qu'ils portent dans la gibecière règlementaire. Ils sont armés d'un fusil à bretelle, platine à la chenapan ou à silex.
-Première publication de la formule de la poudre noire, 1249.
-Apparition de la poudre noire en grains, du bassinet et de la mèche à la mi-XV° siècle.
-Système de platine à mèche semi-mécanique, fin XV°.
-Fabrication du rouet en Allemagne et du Miquelet Italien, début XVI°.
-Système de platine à mèche mécanique, fin XVI°.
-Miquelet Espagnol et Chenapan, fin XVI°.
-Platine silex à la Française, 1610.
-Fin d'emploi de l'arquebuse en France, 1627.
-Apparition de la baïonnette bouchon, 1640.
-Description du pas Louvois (cadencé) et des premiers règlements de tenues, 1666.
-Apparition des grenadiers, 4 par compagnie, armés du fusil, 1670.
-Premiers uniformes dans l'infanterie, 1670.
-Fin d'emploi de l'arquebuse en Franche Comté, 1674.
-Apparition de la baïonnette à douille, 1688.
-Fin d'emploi du mousquet en France, 1699.
-Fin d'emploi de la pique en France, 1703.
-Apparition de la gargousse (cartouche papier sans la balle), 1703.
-Disparition des grenadiers en tant que tels, 1720. Ils subsistent en tant qu'élites.
-Apparition des cartouches en papier comportant aussi la balle, 1738.
Comment bien reconstituer votre tenue guerre de 30 ans:
-pour le pourpoint (veste) et le haut de chausses (culotte), prendre du drap de laine pas trop pelucheux, de teinte terne (beige, marron, éventuellement grisâtre). Les coutures apparentes ainsi que les boutonnières sont faites à la main! Le pourpoint peut aussi être fait en cuir. Evitez formellement les verts, bleus, rouges, et autres couleurs chatoyantes de l'arc en ciel!
-le chapeau est à large bords dans les mêmes teintes chamois, beige ou marron, noir à la rigueur, mais évitez quand même. Plumes et médailles peuvent y figurer.
-le casque peut être du type cabasset, morion-cabasset ou morion. Il doit être dépoli, éventuellement noirci. Une ou plusieurs plumes de faisan peuvent l'agrémenter.
-les chaussures sont du type militaire de l'époque, avec des ouvertures sur les côtés.
-bas de chausses et chausses sont de teinte écru, beige, un peu comme le reste, pas de chaussettes de foot rouges, bleues, vertes...
-le col blanc est assez large au début du XVII° puis se rétrécit peu à peu.
-pour les piquiers, la cuirasse peut être avec ou sans tassettes, dépolie et éventuellement noircie. Ils portent aussi des gants de cuir à manchettes. Un buffle peut aussi être porté, même par un arquebusier.
-les baudriers de rapière, d'apôtres sont en cuir marron, les assemblages se font par couture à la main (surtout pas de rivets tubulaires!). Le "buffle" écru est peu utilisé, le cuir fin rougeâtre peut l'être pour une ceinture et un porte râpière. Ne pas utiliser de cuir brillant car tanné au chrome, ce procédé étant inconnu à l'époque.
-pour l'armement puisque nous sommes Comtois, arquebuses et mousquets peuvent se côtoyer. L'emploi de la fourquine est conseillé. Le système de mise à feu est à mèche, mécanique, mais le rouet peut être employé bien qu'il soit moins fiable.
-pour la vie au camp, une musette de cuir ou de toile contenant couteau, cuiller, fourchette à deux dents, gobelet et assiette (en terre cuite, étain, fer étamé, corne, bois, mais pas d'inox, d'alu ou de "cristal d'Oyonnax"!) est vivement conseillée et fort utile.
-en ce qui concerne la mode, mouche et moustache, barbe et cheveux longs sont bien appréciés.
-un dernier conseil: plus votre tenue sera rapée, mitée, usée, sale, mieux ce sera!
Voilà donc pour la période 1600/1670 environ.
Ensuite ce sont les règlements qui décrivent plus ou moins précisément les tenues.
Petite précision quant à la croix de Bourgogne:
les Bourguignons ont adopté la croix de Saint André blanche en 1408 suite à la victoire d'Othée lors de laquelle le duc Jean sans Peur gagna ce surnom. Le blanc est aussi la couleur de la croix latine du roi de France et de l'écharpe des Armagnacs, tous ennemis. C'est le duc Philippe le Bon son successeur qui, pour souligner l'alliance avec les Anglais qui arboraient la croix latine rouge, colora cette croix en rouge. Elle prendra donc l'aspect de bâtons noueux enflammés par les étincelles du briquet, forme sous laquelle en hériteront les Habsbourg et l'Espagne.